Nicolas Sarkozy dans "Valeurs actuelles" : FN, immigration... Une confession, 15 enfumages

LE PLUS. Nicolas Sarkozy se livre cette semaine dans "Valeurs actuelles". Dans "la confession" donnée par l’ex-président de la République à l’hebdomadaire de la droite ultra, pas d'acte de contrition, explique notre chroniqueur Olivier Picard. Le patron de Les Républicains donne beaucoup de leçons mais il n’a pas grand-chose à proposer. Un entretien très complaisant.

 

C’est un récidiviste qui s’est confié à "Valeurs actuelles". Pour la deuxième fois en un an, Nicolas Sarkozy a choisi l’hebdomadaire d’ultra-droite pour dévoiler son intimité. C’est son choix et il n’est évidemment pas innocent : la maison lui ouvre volontiers ses portes.

Il y trouve manifestement des oreilles bien complaisantes pour recueillir sa confession. Le petit texte d’introduction ressemble à un courrier d’admirateur pour une feuille de chou militante de Les Républicains.


C’est d’ailleurs assez drôle. On croit lire une parodie de "Voici" : "alors qu’un vent léger flotte sous les tentures" de la résidence d’été de Carla Bruni, en avant pour un entretien "sans tabou". En "bras de chemises et lunettes de soleil", l’ex, avec "une barbe de trois jours" nous réserve – nous promet-on, "un entretien sans tabou" sur lequel veillera, Carla "entre un bain de mer et un plongeon dans la piscine, pieds nus et couverte d’un chapeau".

Seulement d’un chapeau ?

Reconnaître ses fautes ? Ce n’est pas son truc

C’est chaud chez Sarko & Co. D’ailleurs, "sa décontraction trahit son état de vacancier". Le voilà démasqué. Carla est là, qui lui fait du teasing, mais, nous dit-on encore, c’est Madeleine que notre héros rêve de reconquérir. Et même "toutes les Madeleine de France", passées des bras de feu l’UMP à ceux du Front national. Quel homme !

Alors il fait du muscle : "Il avale des dizaines de kilomètres à vélo chaque jour". Des "dizaines" on vous dit. Et chaque jour ! Comme sur le Tour. On met le grand braquet pour la grande révélation avec "un nouveau mantra" : "en disant la vérité, on crée de la confiance". C’est beau. C’est nouveau. Mais dès les premières lignes, on s’aperçoit assez vite que l’ancien président de la république ne s’est pas converti à l’acte de contrition.

Reconnaître ses fautes ? Ce n’était clairement pas son truc. Le confessionnal a simplement été le cadre d’une énième opération d’auto-promo où l’enfumage dissimule la manipulation derrières les "tentures" estivales de la fausse sincérité, aussi toc qu’une babiole de vacances. Parfaitement inoffensives, les questions sont autant de sucettes chupa qui permettent au futur candidat de dérouler son argumentaire de candidat.



Un devoir de vacances qui n’oublie aucune leçon de manipulation  

1. Depuis un an, il a tout bon. Si, si…

"J’avais fixé comme premier objectif de ramener la paix dans ma famille politique". Tout le monde s’aime chez les Républicains, c’est évident.

2. Un retour réussi ? Heu…

Il est bien trop malin pour répondre à la question directement. Alors il rame un peu pour mettre un peu de brillant optimiste dans son bilan personnel. "Les Républicains apparaissent aujourd’hui comme la famille politique forte face à un FN embourbé dans sa guerre familiale, si loin des préoccupations des Français". On n’est pas loin de l’auto persuasion. Pas un mot, en revanche, sur les sondages qui ne manifestent aucun désir de le voir revenir à l’Élysée. 

3. Vive la publicité comparative !

De son quinquennat, il ne "dira jamais que tout a été réussi" (ah bon ?) mais, comme chez Leclerc, il compare et là il se régale. Pour faire court : 5 ans de Sarkozy, c’est tellement mieux que 3 ans de Hollande. On avance.
   
4. La prison, il n’y a que ça de vrai !

Si Christiane Taubira n’était pas là, Sarkozy devrait l’inventer tant elle lui est précieuse pour faire des raccourcis dont il a le secret. Sus au "désarmement pénal de la garde des Sceaux à l’image de la baisse constatée de la population carcérale ces derniers mois".

5. Frustrés de l’immigration, réunissons-nous !

"Nous avons besoin d’une véritable politique d’immigration européenne". Houlà, quelle audace !  Mais on n’en saura pas plus. Très pratique pour caresser l’électorat dans le sens du poil sans rien proposer de concret.

6. VRP du Kärcher prêt à l’usage

Les statistiques mentent, c’est sûr. Lui en en certain : "Les cambriolages et les violences vont pourtant augmenter". Sous-entendu : nous avons des malfrats laxistes à la tête de l’État

7. L’apocalypse est pour demain

Chômage, immigration, insécurité (la Sainte Trinité du futur programme de 2017 ?). "Je suis de ceux qui pensent que la situation est beaucoup (notez le beaucoup) plus grave qu’on ne le dit". On nous cache tout, on nous dit rien, Madeleine !

8. Le monde vu du nombril national

Un "diagnostic sur le monde", Nicolas ?

"Pouvons-nous longtemps donner des allocations sociales à des personnes en situation irrégulière ?"
"Combien de temps doivent travailler les maîtres [à l’école] ? Sans doute davantage".

Ok, merci.

9. Le sang et les larmes en version Sarko

"Avec la plus grande gentillesse, on ne protège pas le pays des épreuves et avec la plus grande dureté, il est impossible de rassembler". N’est pas Churchill qui veut.

10. Madeleine, je t’aime

À ces millions de Madeleine (déçues du sarkozysme passées au Front national), "je veux dire de ne pas suivre la politique du pire". Comprenez : il  ne faut pas manger la belle pomme rouge de Marine la Sorcière. On a les mêmes en magasin.

11) Électeurs du FN, bienvenue à la primaire !

Les électeurs du Front pourront-ils voter à la primaire de Les Républicains ? Il ne dit pas non. "Ils sont libres". Surtout ne vous gênez pas !

12. La "souffrance" des électeurs du Front

"Je ne ferai pas l’erreur de culpabiliser les électeurs du Front national", ni "en les méprisant" ni "en leur donnant des leçons". On avait bien compris.

13. Des propositions "fortes"

Régler la question du "déficit de la compétitivité agricole", conduire un "changement complet de (la) philosophie (du) code du travail" et bien sûr "l’immigration" (sans plus de détail). Rien que du neuf, on vous dit !

14. "Tuer l’avantage moral de la gauche"

À cet étrange défi proposé par ses confesseurs, Nicolas Sarkozy répond par un "mettre fin aux dogmatismes". Exaltante mise à mort…

15. Le combat contre le terrorisme ? Tous nuls sauf moi

"La coalition d’une vingtaine de pays qui combat contre Dae’ch ne se donne pas tous les moyens de l’emporter". Laissez faire l’expert ! Lui mettrait "plus de relais au sol". Chacun sait que sa stratégie en Libye a été un triomphe.


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